vendredi 2 septembre 2016

Morwenna : la petite fée-ministe

 ( Mon sens du jeu de mot frappe à nouveau ! )


Je profite de mon intro pour remercier les deux têtes de mules qui m'ont forcées à faire un blog, voilà l'adresse des leur :
http://byeva.over-blog.com/ parle de séries, de films, de livres, de BD... Et même de philo quand elle est d'humeur !
https://lepetitmondedevagabonde.wordpress.com/  parle principalement de livres mais aussi beaucoup de photo, et il y a quelques recettes de cuisine !
SI vous voulez faire un tour dans leur univers, je vous garantis que vous ne le regretterez pas !

Présentation


   Morwenna est un livre de Jo Walton sorti en 2016 aux éditions Gallimard en France. Il est originaire de Galles du Sud, au Royaume-Uni.

   Les thèmes principaux sont l'adolescence, la magie, les querelles familiales, l'amour et l'amitié, les fées et surtout les livres.

   L'histoire est celle de Morwenna Phelps, jeune fille galloise d'une quinzaine d'années. Mori - c'est son surnom - aime passionnément les livres, surtout la fantasy et la SF, pratique généralement des rituels de magie blanche et voit des fées. Elle partage tout cela avec sa sœur jumelle Morganna.
   Juste qu'à la mort dramatique de cette dernière dans un accident de voiture.
  Après bataille entre les services sociaux et sa mère à moitié folle, elle est confié à la garde de son père, qu'elle n'a pourtant jamais connu, et de ses trois sœurs, qui s'en débarrasse illico en l'envoyant dans un pensionnat. Et c'est là que le roman débute.
    Rédigé comme un journal intime, planant entre rêves et réalité, ce roman merveilleux nous entraîne dans la vie d'une héroïne particulière, perdue et solitaire qui saura sûrement vous charmer...

Cet article est garanti sans spoiler !

Morwenna, un personnage à double sens


   A première vue, Mori pourrait être un personnage extraordinaire, qui se distingue de la masse des jeunes filles de son âge. Après tout, n'a-t-elle pas des pouvoirs magiques surnaturels et la capacité étrange de voir des fées ? Ce n'est pas sûr... En effet, Jo Walton cultive le mystère autour des pouvoirs de son héroïne. Les fées sont-elles réelles ou simplement son imagination ? Ses sorts marchent-ils réellement ou est-ce un effet de l'hasard ou de son inconscient ? Le lecteur ne peut pas le savoir et Morwenna non plus... Dans quelques passages seulement l'auteur donne des indications vers une théorie ou une autre - et c'est d'ailleurs ce qui m'a moins plu dans ce roman.

   Morwenna, donc, est une jeune fille comme une autre. La seule chose qui puisse vraiment la différencier des autres est son passé troublé avec sa mère et sa sœur. Pour le reste, elle passe par les mêmes étapes que la plupart des adolescentes : découverte de la sexualité, quête d'identité, rejet et besoin de l'autre... Le tout pimenté de conflits entre ses familles maternelles et paternelles. Et la magie de la jeune fille peut être considéré comme un simple besoin de savoir qui elle est réellement. Elle cherche à se distinguer des autres, tout en voulant savoir ce qui la rapproche d'eux. Etant moi-même adolescente, j'ai trouvé qu'elle était vraiment réaliste à ce niveau et bien décrite.

   Si ce personnage m'intéresse d'un point de vue féministe c'est parce que c'est, pour moi, l'exemple d'une adolescente "femme forte". Même si elle peut s'appuyer parfois sur un homme, elle se débrouille la plupart du temps toute seule. Elle est forte et intelligente et sais, presque inconsciemment, qu'elle existe pour elle et non pour les garçons ( leçon que beaucoup trop d'adolescentes apprennent trop tard ). Elle se considère comme l'égale parfaite d'un homme au point de ne jamais même douter de cela. Lorsqu'un garçon lui fait des commentaires sur sa vie sexuelle ( un moment si agréable pour toutes les femmes ) et la traite de "pute", elle ne se demande pas si effectivement son comportement était inapproprié, elle se dit tout de suite qu'il était bizarre et passe à autre chose. Sans en avoir l'air, cet acte démontre une grande confiance en soi et un grand courage. La plupart des femmes auraient été beaucoup plus atteintes ( ce qui ne signifie pas que je les considère comme faibles, bien entendu ).

   On a donc une fille à la fois extraordinaire et banale. On peut donc s'identifier facilement à elle et bien la comprendre...

Découverte du féminisme


   Le personnage central n'est pas le seul atout féministe du livre - la découverte du sexisme de Morwenna est aussi marquante. Sans que ce soit un thème central de l'histoire, les grandes questions du féminisme sont présentes dans le parcours du roman.

   On a déjà parlé des insultes qu'elle a reçu d'un garçon, mais un autre passage nous parle avec une bonne justesse du slut-shaming ( rappel : cela désigne un comportement sexiste qui stigmatisme une femme en raison de sa vie sexuelle jugée trop active ). En effet, lors de la sortie hebdomadaire des filles du pensionnat en ville, une amie de Morwenna critique les élèves qui se maquille et qui en profite pour rejoindre leur petit copain. Bien qu'il soit en soit banal d'avoir un petit ami à 15 ans, les principes strictes de leur école les amènent à juger ces filles qui ne font rien de mal...

   Le thème de l'homosexualité est aussi évoqué : en effet, puisque l'école est un pensionnat pour filles, il y a plusieurs relations homosexuelles entre les élèves. Mori dit même que le soir, les filles vont se rejoindre dans leur lits. Et vers le milieu du roman, suite à un quiproquo, une surveillante punit Morwenna et son amie car elle pense que les deux sortent ensemble. Un peu de tolérance, ça met toujours de bonne humeur...

   Le seul thème où le mot de "féminisme" soit vraiment prononcé - je ne comprendrais jamais pourquoi les gens ont peur de l'employer - est celui de la grossesse adolescente. Sans que cela se produise dans le roman, le débat vient à un moment de l'histoire sur une fille qui a dû avorter. Deux visions s'opposent alors : celle de Janine qui se met du côté de la fille à 100%, en disant que son petit copain l'a "mise enceinte" et n'a pas assumé ses responsabilités, et celui de Hugh qui rappelle qu'il ont été deux à oublier de se protéger et qu'il ne faut pas rejeter la faute entière sur le garçon.
   C'est d'ailleurs Hugh qui prononce le mot "féminisme", dans une réplique que j'ai beaucoup aimé, toujours dans le débat sur la grossesse accidentelle  :
- Janine pense que pour être féministe il faut croire tout le temps en la fille. Moi je pense qu'il faut traiter tout le monde de la même façon, dans la mesure du possible. Je ne sais pas ce qui c'est passé. Mais je sais que je ne sais pas.

   Enfin, le roman touche rapidement au thème du contrôle de sa sexualité d'une jeune fille. Morwenna sait en effet qu'elle a le droit de refuser les avances, mais aussi de les accepter, sans se justifier. Elle sait aussi qu'elle a le droit de faire elle-même les avances, même si elle est une fille. Et enfin, elle n'a aucun complexe à demander la pilule à son médecin ou à acheter des préservatifs au cas où...


Conclusion

   Morwenna est un roman très beau, à la fois dans l'écriture, l'histoire et le message. Il autorise à être différent dans un âge où on voudrait être comme tout le monde... Je trouve cependant que la fin perd l'originalité du livre et n'est pas aussi belle que ce que j'espérais vu le reste du roman...
   Cela reste un livre très touchant que je recommande à tous ceux qui sont en manque de livres !

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